mercredi 27 janvier 2016

J'sais plus


27/01/16
15H26



Il y a eu quelques jours de confiance, de motivation, d'envie. Je pensais que ça durerait un peu plus longtemps. J'ai cru que ça continuerait sur cette lancée. C'est con, ou naïf, mais j'y ai cru.

Je tente d'oublier de manger. 
Je tente d'oublier le manque de tabac qui devient difficile à vivre. 
Je tente d'oublier les efforts à faire, la conduite, le groupe, les rendez-vous. 
Je tente d'oublier le mal de vivre, là, dans le creux du ventre.

J'ai mélangé un peu de lexomil et de tercian, mais ça ne me calme pas. Idées noires qui se distillent. Mais j'ai peur de l’asphyxie. J'ai peur de crever salement. Il n'empêche, je me dis, ça peut être une bonne année pour mourir. L'année de mes trente ans. Symboliques à la con.

Alors j'avale mes petites gouttes et pilules pour calmer le monstre qui se réveille en dedans. Le volcan, le parasite, le carnivore. 
Je me demande pourquoi d'un coup à nouveau tout est sombre et sans lueurs. Pourquoi parfois ça va, d'autres fois nettement moins. Je me demande ce qui cloche bon sang, chez moi. J'aimerais avaler toutes mes pilules, sachant que cela ne me tuerait pas, mais juste pour dire "stop", que ça soit plus concret pour ceux qui me suivent. Qu'ils comprennent que je ne mens pas quand je dis que j'ai plus de forces. Et rester aux urgences quelques temps, en suspend, et dormir, et me laisser mourir sur un lit à barreaux au moins quelques jours. Peut-être que ça serait plus réel pour mes soignants. De passer à l'acte au lieu de répéter encore et toujours ma lassitude.

Je relis mes listes pour "quand ça va pas", mais ça ne me fait rien. Je relis les victoires. Tout m'indiffère. Du sang dans la bouche. Juste envie d'avoir sommeil, et de dormir. Le soir, ne plus même discuter, ne plus même regarder quelque film, juste : dormir. Si je pouvais dormir comme ça, à jamais, ou quelques années. N'être ni vivante, ni morte. Un bon dilemme. Pour eux comme pour moi.

Je m'en veux d'être comme ça. Je m'en veux d'écrire ça. Je m'en veux. Je vais tâcher d'oublier. Oublier que ça va pas. Me fabriquer un personnage. Tuer qui je suis. J'en sais rien. Mais faut que je trouve quelque chose. N'importe quoi. Un lambeau d'espoir, rien qu'un lambeau, pour me rappeler que je peux peut-être un jour aller "mieux". Pour redonner à la vie un peu d'attrait. Pour rester sur le fil, encore un petit peu.

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