[Vieux texte]
Je ne sais pas si ce fut à cause de la nuit blanche
de la veille qui a accentué mon irritabilité, ou parce qu'en ce moment
tout me consterne et me donne envie de trouver un aller-simple pour
Pluton, ou si c'était juste ce film... voire -sûrement, en fait- les
trois en même temps. Je ne sais pas.
Bref,
même si j'avoue que je n'étais pas très motivée à l'idée d'aller au
cinéma (à cause de la nuit blanche, je pense), j'avais tout de même
envie de voir la suite de l'Auberge Espagnole et des Poupées Russes.
Surtout un soir de Noël, c'est agréablement anti-conformiste.
J'ai
découvert ces célèbres films (faut dire ce qui est) il y a peu. Je suis
un peu bizarre parfois : plus on me parle d'un film, moins j'ai envie
de le voir. (comme pour tout d'ailleurs : livres, artistes... )
En
résumé, quand quelque chose a un énorme succès que ce soit commercial
ou dans mon entourage, moi je boude. J'ai jamais vraiment compris
pourquoi je fonctionne comme ça, au fond. Ça peut sembler très
prétentieux, mais c'est un fait : je n'y arrive pas.
Après,
pour savoir exactement pourquoi je fonctionne comme ça, il faut avoir
un bon gros diplôme de psychiatrie, à mon humble avis.
Ma mère m'avait offert le premier tome de Harry Potter à l'époque, et j'ai boudé.
« Non, j'veux pas l'lire. »
J'ai
essayé, si, si, je vous jure. Ça a été un gros échec. Je n'ai même pas
vu les films - enfin j'avoue - j'ai regardé les trois quarts du premier,
sauf que bon, sans le connaître, il me provoque une overdose
épidermique ce pauvre Harry. C'est sûrement très bien, je sais, sauf que
je ne peux pas. Toute cette folie autour de ce pauvre sorcier, ça m'a
profondément ôté toute curiosité.
D'autres
fois, je laisse couler le temps, j'attends que tout le monde passe enfin
à autre chose pour m'y mettre en secret. Quand "Hunger Games" a fait un
tabac, j'ai râlé, boudé, tout ce que vous voudrez. Et j'avoue, un beau
matin, j'ai quand même eu envie de les lire à force de les voir me
narguer chez le libraire. Depuis, c'est comme ça, je suis accroc au
point de sombrer dans les produits dérivés, et « dieu sait » que j'ai
terriblement honte.
Bref, je m'égare je crois.
Revenons au sujet principal avant que je ne griffonne un roman pathétique totalement dénué d'intérêt.
A
propos des films de Cédric Klapisch, j'ai seulement regardé les deux
premiers volets la semaine dernière. En me disant que si tout le monde
en parle, alors c'est que ça doit être bien, et que ça ne fait pas
forcément de moi un mouton pâlot et sans personnalité.
J'avais adoré et détesté à la fois ces deux volets.
Et
hier, en plein milieu de "Casse-tête Chinois", j'ai fondu en larmes
comme une putain de gamine ridicule. J'avais déjà eu du mal avec les
deux autres films, mais j'avais survécu. Là, ça a été un gros échec au
niveau lacrymal.
Parce que c'est vrai, tout
ça : la vie est une succession de jolis châteaux de cartes qu'on peine à
construire, à faire tenir convenablement, et qui se fracassent presque
tout le temps la gueule. Là, devant l'écran, je pensais à tous ces
futurs châteaux de cartes, à moitié construits ou encore pas commencés,
qui se casseraient la gueule quoi que je fasse. Et j'ai eu envie de
toute laisser tomber, là, l'espace d'une seconde. Dire : merde, moi je
peux pas. Je sais pas comment vous faites, tous, mais je peux pas, moi,
c'est comme ça, je vois pas l'intérêt de faire des châteaux alors qu'il y
aura toujours une bourrasque.
J'en ai vu des
films glauques, ou violents, ou gorgés d'un réalisme dégueulasse, mais
il a fallu que mes doutes deviennent évidents devant ce film-là, qui ne
perturbe pas grand monde à part moi, selon ce que j'en entends. Faut pas
chercher, comme dit mon homme : « t'es montée à l'envers, toi ».
Je
me suis couchée sur le siège, recroquevillée, j'ai fermé les yeux très
fort, j'ai serré les dents jusqu'au générique en me demandant si mon
maquillage éparpillé sur mes joues me trahirait.
Au retour, dans la voiture, j'étais aussi fraîche qu'un mort-vivant, aussi joyeuse qu'un bourreau, aussi... enfin, vous voyez.
" T'es tellement pessimiste... "
Oui, je sais.
Enfin : si tu veux.
Je
dirais bien « non, plus réaliste que pessimiste », d'ailleurs. Pourquoi
les pessimistes précisent-ils toujours cela ? "Non, je suis pas
pessimiste bordel, je suis lucide, c'est tout, tu vis où toi, au pays
des Bisounours ? Sors de ta bulle bordel !"
Bref.
Disons juste qu'à mes yeux, c'est vrai tout cela : combien de nos châteaux de cartes survivent aux vents, hein ?
Et pourquoi y'a toujours un putain de vent qui vient tout faire fracasser au moment où l'on pose les dernières cartes ?
Hein ?
Moralité :
Merci Cédric Klapisch d'avoir rendue ma thèse si évidente, toute façon,
si y'a un quatrième volet, je resterai chez moi à manger de la crème
glacée devant un autre film - un truc d'horreur ou d'épouvante peut-être
- et je ferai l'autruche sur tous les futurs châteaux de cartes de ma
vie à moi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire