lundi 25 janvier 2016

Casse-tête chinois


[Vieux texte]




Je ne sais pas si ce fut à cause de la nuit blanche de la veille qui a accentué mon irritabilité, ou parce qu'en ce moment tout me consterne et me donne envie de trouver un aller-simple pour Pluton, ou si c'était juste ce film... voire -sûrement, en fait- les trois en même temps. Je ne sais pas.

Bref, même si j'avoue que je n'étais pas très motivée à l'idée d'aller au cinéma (à cause de la nuit blanche, je pense), j'avais tout de même envie de voir la suite de l'Auberge Espagnole et des Poupées Russes.
Surtout un soir de Noël, c'est agréablement anti-conformiste.

J'ai découvert ces célèbres films (faut dire ce qui est) il y a peu. Je suis un peu bizarre parfois : plus on me parle d'un film, moins j'ai envie de le voir. (comme pour tout d'ailleurs : livres, artistes... )
En résumé, quand quelque chose a un énorme succès que ce soit commercial ou dans mon entourage, moi je boude. J'ai jamais vraiment compris pourquoi je fonctionne comme ça, au fond. Ça peut sembler très prétentieux, mais c'est un fait : je n'y arrive pas.
Après, pour savoir exactement pourquoi je fonctionne comme ça, il faut avoir un bon gros diplôme de psychiatrie, à mon humble avis.

Ma mère m'avait offert le premier tome de Harry Potter à l'époque, et j'ai boudé.
« Non, j'veux pas l'lire. »
J'ai essayé, si, si, je vous jure. Ça a été un gros échec. Je n'ai même pas vu les films - enfin j'avoue - j'ai regardé les trois quarts du premier, sauf que bon, sans le connaître, il me provoque une overdose épidermique ce pauvre Harry. C'est sûrement très bien, je sais, sauf que je ne peux pas. Toute cette folie autour de ce pauvre sorcier, ça m'a profondément ôté toute curiosité.
D'autres fois, je laisse couler le temps, j'attends que tout le monde passe enfin à autre chose pour m'y mettre en secret. Quand "Hunger Games" a fait un tabac, j'ai râlé, boudé, tout ce que vous voudrez. Et j'avoue, un beau matin, j'ai quand même eu envie de les lire à force de les voir me narguer chez le libraire. Depuis, c'est comme ça, je suis accroc au point de sombrer dans les produits dérivés, et « dieu sait » que j'ai terriblement honte.

Bref, je m'égare je crois.

Revenons au sujet principal avant que je ne griffonne un roman pathétique totalement dénué d'intérêt.
A propos des films de Cédric Klapisch, j'ai seulement regardé les deux premiers volets la semaine dernière. En me disant que si tout le monde en parle, alors c'est que ça doit être bien, et que ça ne fait pas forcément de moi un mouton pâlot et sans personnalité.
J'avais adoré et détesté à la fois ces deux volets.
Et hier, en plein milieu de "Casse-tête Chinois", j'ai fondu en larmes comme une putain de gamine ridicule. J'avais déjà eu du mal avec les deux autres films, mais j'avais survécu. Là, ça a été un gros échec au niveau lacrymal.
Parce que c'est vrai, tout ça : la vie est une succession de jolis châteaux de cartes qu'on peine à construire, à faire tenir convenablement, et qui se fracassent presque tout le temps la gueule. Là, devant l'écran, je pensais à tous ces futurs châteaux de cartes, à moitié construits ou encore pas commencés, qui se casseraient la gueule quoi que je fasse. Et j'ai eu envie de toute laisser tomber, là, l'espace d'une seconde. Dire : merde, moi je peux pas. Je sais pas comment vous faites, tous, mais je peux pas, moi, c'est comme ça, je vois pas l'intérêt de faire des châteaux alors qu'il y aura toujours une bourrasque.
J'en ai vu des films glauques, ou violents, ou gorgés d'un réalisme dégueulasse, mais il a fallu que mes doutes deviennent évidents devant ce film-là, qui ne perturbe pas grand monde à part moi, selon ce que j'en entends. Faut pas chercher, comme dit mon homme : « t'es montée à l'envers, toi ».

Je me suis couchée sur le siège, recroquevillée, j'ai fermé les yeux très fort, j'ai serré les dents jusqu'au générique en me demandant si mon maquillage éparpillé sur mes joues me trahirait.

Au retour, dans la voiture, j'étais aussi fraîche qu'un mort-vivant, aussi joyeuse qu'un bourreau, aussi... enfin, vous voyez.

" T'es tellement pessimiste... "

Oui, je sais.
Enfin : si tu veux.
Je dirais bien « non, plus réaliste que pessimiste », d'ailleurs. Pourquoi les pessimistes précisent-ils toujours cela ? "Non, je suis pas pessimiste bordel, je suis lucide, c'est tout, tu vis où toi, au pays des Bisounours ? Sors de ta bulle bordel !"
Bref.
Disons juste qu'à mes yeux, c'est vrai tout cela : combien de nos châteaux de cartes survivent aux vents, hein ?
Et pourquoi y'a toujours un putain de vent qui vient tout faire fracasser au moment où l'on pose les dernières cartes ?
Hein ?

Moralité : Merci Cédric Klapisch d'avoir rendue ma thèse si évidente, toute façon, si y'a un quatrième volet, je resterai chez moi à manger de la crème glacée devant un autre film - un truc d'horreur ou d'épouvante peut-être -  et je ferai l'autruche sur tous les futurs châteaux de cartes de ma vie à moi.

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