mercredi 6 janvier 2016

Instants hachés d'hier


16H31





Une bière. Une clope. Oui, je sais. J'avais dis que j'arrêterais. Je sais. Depuis septembre, j'le dis. J'essaie, hein. Puis en octobre : demain, j'arrête. Je me répéte. Cette fois, c'est la bonne. Non, c'est pas une bonne résolution. J'aime pas les résolutions. Une clope encore. Après la seconde bière. Troisième bière. Quatrième bière. Combien de clopes ? J'sais plus. J'compte plus. Pas faim. Je regarde la pizza grillée de travers. Les apéricubes à la tomate. Dégueulasse. J'aime pas. Un au chèvre. Aller. Comme ça. Clope. Je pianote sur la tablette. Musique. Garbage. Linkin Park. Je pianote. Cats on Tree. Garbage, encore. Entre deux clopes. Plus de bières. Vin blanc. Amer, je trouve. Il pique un peu. Clope. Putain, j'fume trop. Promis. Demain j'arrête. SMS. Je répondrai plus tard. Flemme. Vin blanc, encore. Et encore. Installer les jetons sur la table. Mélanger les cartes. La chance sera avec moi. Je le sens bien. Je lape mon vin. Et puis. Cul sec. Aller, encore un verre. Deux paires. Aller, un troisième Roi, ça serait cool. Non. Deux paires. Je joue gros. Je bluffe. Bingo. J'amasse les jetons. Sourire satisfait. Ça commence bien. Rosé. Bah oui, y'a plus de blanc. Ça tourne. Tant pis. Brelan. Pas mal. Je fais mine de rien. J'amasse encore. J'aime jouer. J'aime gagner. Je suis en train de gagner. Instagram de la table. Ça, c'est fait. Ça sert à rien, mais c'est fait. Faut bien que j'entretienne mon compte. Une goutte de rosé. Encore. Je me couche. Tu bluffes ! Je suis. Check. Je mise. Je me couche. J'attends la couleur. Elle ne vient pas. Tant pis. Clope. Clope. Ça tourne, putain. Full. Putain ! Ça mise gros. Je papillonne. Je mise gros, tout sourire. Je gagne. Fin de soirée. Je titube un peu. Je crois que j'ai envie d'gerber. Un dernier verre. Une dernière clope. Avant de partir. Le verre de trop. Bu trop vite. Je sens que j'vais vomir. Je tiens plus l'alcool. J'ai plus vingt ans. Je me fous de l'heure. Je sais pas. J'enfile ma veste. L'air me semble chaud. Dehors. Je grimpe dans la voiture. J'ai trop bu, j'lâche. Il dit : bien fait. Il démarre la voiture. Putain, putain, putain, je vais vomir, je répète. J'ouvre la vitre, l'air n'a rien de janvier. J'ai chaud. Le moindre dos d'âne sur la route. Haut-le-cœur. Roule moins vite, je dis. Mais je suis à cinquante, il répond. J'vais vomir. J'vais m'faire vomir, en rentrant. Retiens-toi. Juste encore un peu. T'as qu'à arrêter de boire autant, j'me dis. Alcoolique, va. Les dix kilomètres me sont une heure. Ça tourne, bordel, et les lumières de Noël partout. Ça tourne, ça clignote. Ça flashe. J'essaie de fixer mon regard sur la route. Droit devant. Ça va vite. Ça tournoie. Je m'sens mal. Je veux être dans mon lit. Là, dans l'instant. Et dormir direct. Je sors de la voiture. Je crois que j'ouvre le portail. Probablement. Je crois que j'ouvre la porte d'entrée. Je sais plus. Si je me suis démaquillée. Si j'ai mis de la crème sur ma peau. Je suppose. Je me rappelle plus. Dans la chambre. Tomber raide sur le lit. Le plafond qui tourne. Même dans le noir. C'est fou ça. Un plafond qui tourne. Promis, demain j'arrête de fumer. De boire. De gagner au poker. 

Promis.

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