vendredi 19 février 2016

Soirée mitigée


19/02/16
08H49





Soirée cinéma-resto hier. 

J'ai été disons agréablement surprise par le film, que je ne serais pas allée voir spontanément si j'avais été seule. Un peu de "légèreté" qui fait du bien. Mais un mal fou à rester concentrée.

Le restaurant, ça a été plus délicat. 

Nous étions avec deux amis. L'un s'est mis à parler de son ex, avec qui il est resté ami, récemment diagnostiquée bipolaire elle aussi et sortant tout juste d'hospitalisation. Les discours vont bon train, les inquiétudes à son sujet. Et là, je perds le nord, je me dis, je crois : toi, tu leur répètes sans cesse que ça va, alors que ce n'est pas le cas, personne ne s'inquiète jamais, personne ne sait les fois où tu as attachées ensemble des ceintures à une poignée de porte, où il ne te manquait que le courage, et les larmes amères après, et les questionnements permanents, les doutes et incertitudes... les idées noires.

Je me suis sentie jalouse. Parce que moi, on s'est habitué, et je répète comme un robot des "ça va et toi ?", pour la forme, toujours. Si mes psys savaient certains détails d'ailleurs, je serais aussi passée par la case hospit. Personne ne s'inquiète jamais pour moi, ai-je osé pensé, pauvre et sombre idiote.... j'ai détesté, ou je déteste ce sentiment que j'ai eu hier. Cette impression que moi, je n'inquiète jamais personne. Je suis la fille bizarre et c'est tout.

Le thème du suicide est arrivé. Son passé. Cette histoire qui le ronge encore. Son ami de toujours qui lui répète qu'il n'y était pour rien. 
On me regarde. L'un sous-entend que je dois être forte et éviter à celui que j'aime de revivre un tel enfer. Ça explose dans ma tête. Je dis la vérité, elle sort pure et fluide comme de l'eau de roche. 

[Je ne m'accroche pas pour moi. 
Je m'accroche par amour. 
Je ne veux pas lui faire revivre ça. 
Mais je n'aime pas la vie. 
Quel intérêt ? 
J'ai souvent envie de mourir. 
Je me sens piégée dans la vie, à cause de ça.
J'essaie, mais je préférerais être morte.]

Ça jette un froid. On me regarde avec des yeux ronds comme des billes. Celui que j'aime murmure : tu vois, c'est pas facile d'entendre ce genre de choses... On discute un peu. On me questionne. Je sens que je suis allée trop loin. Je suis à la fois gênée et à la fois... je m'en fous. 

Après tout, les "ça va", j'en ai assez. Personne, jamais, n'a su mes idées noires. J'avais peut-être besoin de les exposer au grand jour. Devant des personnes qui pensent que ma vie est facile, puisque je ne bosse pas, qui pensent que c'est l'éclate, qui pensent que je vais bien. Il fallait que ça sorte, et c'est sorti sans entraves ni barrières.




Du reste, je me sens toujours mieux avec des mecs que des filles. C'est un fait.

Mais là, seule avec trois gars, je réalise encore les jugements sur les femmes. Ça a le don de m'énerver, cette façon de nous mettre dans des cases. 

"On a pas la serveuse anorexique ce soir, tiens, la serveuse est une bombasse, tout ce que j'aime, t'as vu la fille de la série X là, la blonde, celle-là je lui ferais bien son affaire, d'ailleurs je ne regarde cette série que pour les filles dedans, t'as vu comme elles sont bonnes ?"

L'envie de hurler. 
Je sirote la fin de mon Monaco en serrant les dents sur la paille. 

Et lance en l'air un "en même temps, tu donnes un styliste, un maquilleur, un coiffeur et un bon logiciel de retouche à toute fille comme ces actrices et t'auras des bombasses". 

L'air sinistre, énervé, fatiguée et n'osant imaginer le nombre de jugements qui s'élèvent sur les femmes dans ce monde. 

Dans la voiture sur le retour, on en parle sans en parler. Je laisse couler ma haine. Vous les mecs vous ne voyez que la surface, y'a que ça qui compte. C'est pathétique. Si on est pas "bonnes" on est rien. Il me dit te met pas dans cet état, mais c'est plus fort que moi. Une fille n'est pas une marchandise, un emballage, bordel ! Et vous, vous vous croyez comment ? Vous pensez êtres des idéaux masculins ?

La soirée se termine.
Direction dodo.
Minuit est passé, je tombe de sommeil et m'endors dans un sommeil sans rêves.


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