dimanche 21 février 2016

Les mots bleus


22/02/16
08H33



Des potes qui passent à l'improviste. 
On s'embarque avec eux et un autre couple, plus les trois enfants, se balader à Aix-les-Bains. 

Il fait bon, il y a énormément de monde. Des stands de barbapapa ou autres churros un peu partout, avec de longues files d'attente. On en grignote quelques uns, avec du sucre-glace saupoudré dessus. On avance lentement : y'a la poussette, et le petit qui court après son ballon dans l'herbe. A nouveau je ressens le vide de ma vie. Je me demande pourquoi rien n'attire mon attention, je me demande aussi pourquoi je ne suis pas comme eux, mariée, mère, épanouie, dynamique. Je croise les bras sur ma veste en cuir. J'avance lentement, je suis le cortège, alors qu'au fond, j'aimerais courir.

On rentre, embouteillages et déviations. Je murmure un "on s'attarde pas trop, hein ?" parce que l'après-midi m'a suffit. Je ne dis pas grand chose. Les filles s'occupent des enfants dans la chambre, je suis assise avec les mecs, à tournicoter dans mes pensées, comme d'habitude. Ils proposent une soirée pizza, mais on part après une petite bière. 

J'énonce je ne sais plus quoi. Il s'énerve. Je m'énerve. On sait plus se parler, dit-il. Et de poursuivre. On a de gros problèmes de communication, je dis plus rien, tu prends tout mal, je dois peser le moindre de mes mots avec toi, j'en peux plus...
Je me tais. Je ne m'en rends pas compte. En même temps, me taquiner sur des sujets qu'il sait sensibles, c'est normal que je réagisse mal. Je ne dirai plus rien non plus. 

Je ne dirai plus rien, plus rien du tout.

Nos silences habituels vont devenir une habitude. Deux êtres qui ne se disent rien. Pour éviter les disputes et le ton qui se hausse. Déjà qu'en temps normal, on ne se dit pas grand chose... déjà qu'en temps normal, je galère à le faire parler.

Sur le coup, le sentiment d'une énième brisure, le sentiment qu'il n'est pas heureux avec moi, le sentiment que je le tire vers le bas - ou je ne sais quoi. Ça résiste encore aujourd'hui. Que faire, ai-je demandé hier entre deux phrases sifflées entre les dents. J'en sais rien, a -t-il répondu. J'en sais rien... mais je dirai plus rien. J'ai promis, je ferai des efforts, j'essayerai de m'en rendre compte, du fait que je me braque ou que sais-je. Ouai. C'est ça... si. Ouai. J'dis plus rien.

En fond sonore ce matin, le film "closer", comme ça, qui se distille pour me tenir compagnie. Un film où les couples ne durent pas. Je vais essayer de sauver encore et toujours mon couple, disons le préserver, le faire durer. Mais je fatigue.
 

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