03/02/016
09H00
Respire. Respire… essaie, aller : essaie. Ne reste pas ainsi, là,
comme ça : en apnée. Essaie, aller, respire. Inspire profondément,
bloque, expire doucement. Encore. Et encore. Je sais la douleur en
dedans, la douleur qu'on ne voit pas, mais qui dévore, qui annihile. Je
sais. Essaie de te calmer. Je sais que les forces te manquent, que tu
t'es allongée en fin de matinée et qu'à présent, tu ne sais plus te
relever. Je sais le poids de la souffrance sur ton corps, ce poids qui
t'empêche de te redresser. Je sais. Tu es roulée en boule, tu suffoques,
tu étouffes. Je t'en prie, reste avec moi, écoute-moi, ça va aller. Je
ne peux pas te dire ni quand, ni comment, mais il faut que tu
t'accroches. Je sais que la douleur te tue à petit feu, jour après jour,
seconde après seconde, je sais qu'elle est là, toujours là, qu'elle te
réduit en miettes, en cendres, mais je t'en prie accroche-toi, ne pense
pas au pire. Respire. Respire profondément, pour que l'angoisse se
dissipe. Je sais combien c'est désagréable et tuant, l'angoisse,
latente, celle qui te réveille le matin, celle avec qui tu t'endors le
soir, je sais. Je sais… mais garde espoir, tu l'as toujours fait, il
faut que tu continues, il faut que tu trouves quelque part la force de
ne pas céder aux idées noires, ces idées noires qui te mentent, qui te
chuchotent des mots doux, des mots d'un monde où tu ne ressentirais plus
le moindre mal. Je suis là, en toi, je suis cette petite voix qui
résiste comme elle peut, qui tente de te tirer vers le haut, qui tente
d'éviter que tu ne capitules. Je suis en toi, je tente de crier plus
fort que les autres voix, celles qui parlent d'abandonner, pour te
libérer de tous ces maux qui te grignotent. Il y a toujours une
solution, tu trouveras la lumière au bout de ton tunnel, des personnes
t'aident et te soutiennent, tu n'es pas toute seule, même si tu as ce
sentiment de solitude qui persiste, lourd, pesant, asphyxiant.
Repose-toi. Ne t'en demande pas trop. Prend soin de toi. On va trouver
une solution, on va trouver une trêve, pour que tu puisses enfin
reprendre ton souffle, pour que tu puisses sortir la tête hors de l'eau,
je te promets que l'on va trouver, il faut que tu me fasses confiance.
Accroche-toi. Ferme les yeux. Avale un anxiolytique, il t'apaisera
peut-être un peu, résiste à l'appel de l'alcool, ou des mélanges, ça ne
t'aidera pas, et tu le sais. Il faut que tu continues de te battre. Il
faut que tu prouve à ce monstre qui te bouffe qu'il ne gagnera pas, car
non, il ne gagnera pas. Tu es toujours là, vois-tu, après tout ce que tu
as vécu. Tu t'es débattue, tu t'es défendue, tu as crié, résisté,
survécu… tu es toujours là. Alors s'il te plait, reste avec moi. On va
trouver quelque chose, on va survivre encore, je suis là, moi, la petite
voix de l'espoir, et tu sais que je resterai. Alors respire. Inspire,
bloque, expire. Surtout n'oublie pas de respirer. Je te promets que je
resterai là pour te souffler de tenir. Et tant que je serai à tes côtés,
les idées noires iront se faire voir, si, si. Alors reste. Bat-toi.
Essaie de te relever, de sortir ce lit, de trouver la force de prendre
une douche, la force de sortir. Il faut que l'on te remette en marche.
Je suis là pour t'aider.
Fais-moi confiance, une dernière fois.
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