Je la lui remettrai mercredi soir.
06/03/16
Le moral reste bas.
Je vais au groupe à reculons :
pour le moment, je sais tout ce qui y est abordé. (situation, pensées
automatiques, croyances, cognitions…) Cependant, il faut bien que les autres
apprennent, alors j’attends qu’ils assimilent les bases en m’agitant sur ma
chaise, j’attends qu’on passe à autre chose, je me tais. Je m’en veux d’ailleurs
de ne pas réagir même quand je sais ce qu’il faut répondre. Pourquoi je ne dis
rien ? Pourquoi je ne me manifeste pas ? Me dire, au fond de moi :
la prochaine fois tu parleras, toi aussi. Si, si. Surtout si tu sais.
La conduite se passe.
Avec la boule dans le ventre,
mais elle se passe.
Du reste, du dépit, de la
lassitude. Pensées habituelles. Ennui existentiel. Vide. Envie de rien. Force
de rien. Désintérêt de tout.
Et puis, il y a eu cette
soirée. Chez des amis. On a joué à des jeux de société autour d’un verre
pendant des heures. Je me sentais bien, et mon conjoint m’en a immédiatement
fait la remarque sur le retour dans la nuit :
« Je t’embête assez quand ça ne va pas, il faut aussi que je te
félicite quand il y a du positif. Cette soirée m’a redonné espoir, si tu
savais. Tu avais l’air heureuse, tu avais vraiment l’air heureuse, et sociale,
tu ne t’es pas isolée, tu n’as pas trop bu comme tu le fais d’habitude, tu
étais… bien, enjouée, tu discutais, tu riais aux éclats. Je me pose beaucoup de
questions en ce moment, sur toi et moi, si je ne fais pas fausse route… et bien
cette soirée m’a redonné espoir, je me sens mieux. T’étais tellement bien ! »
Ne pas savoir, sur le coup, si
je dois le prendre bien ou mal. Disons… ne pas savoir si je dois être
satisfaite ou m’inquiéter : il se pose des questions sur notre couple, il
se demande s’il fait bien de sortir avec une fille comme moi, il a dû se
demander s’il voulait rompre ou non, voilà ce que ça sous-entend.
Ce que j’entends entre ses
mots.
La remise en question. Sur
nous.
Depuis, faire semblant
mordicus que ça va bien. Sourire, paraître heureuse, pour qu’il ne s’en
retourne surtout pas à ses questionnements. Sourire à m’en décrocher la
mâchoire. Surtout ne rien dire sur le moral qui me joue des tours, faire
semblant, insister s’il le faut en répétant que ça va et trouvant des excuses à
tout. Insister quand lui-même insiste : tu es sûre que ça va ? Oui,
ça va. Jouer la comédie. M’inventer un rôle. Cacher la noirceur, très loin.
Il ne sait pas les doses de médicaments
que j’avale dans la journée pour tenter d’atténuer le mal, il ne sait pas les
heures dans le noir sous la couette, à fixer le mur, il ne sait pas les
aliments que je recommence à vomir. Il ne sait pas
cette sorte de douce rechute qui se produit en moi, la dégringolade lente et
sans fin.
Il ne sait pas que je cherche
toujours ma place dans ce monde, ou disons, ne désire en avoir, j’aimerais tant
disparaître. Il ne sait pas que je ne sais plus pleurer, à quel point pourtant
ça me ferait du bien. Il ne sait pas le désintérêt, l’attente dans l’obscurité,
que les heures filent, et le sommeil, le sommeil que je recherche pour m’enfuir
loin de cette réalité qui me donne la nausée. Il ne sait pas la solitude qui me
ronge, il ne sait pas les idées noires, il ne sait pas que j’ai de moins en
moins envie de vivre.
Il ne sait pas les recherches
sur internet, comme si Google allait me donner un moyen de mourir sans souffrir
ou un dealer qui fait des prix sur l’héroïne. Il ne sait rien, je souris, je
simule, j’ai l’air heureuse, et c’est tout. Il ne doit plus se poser de
questions.
***
Réaliser, aussi, que j’ai
besoin des autres.
Cette soirée. Avoir réellement
été bien, à ne plus vouloir partir. Les échanges, les discussions, qui je ne
sais pourquoi, se sont mieux passées que d’habitude.
Hier, un couple « d’amis »
sont passés, aussi. J’arrive à discuter un peu, j’essaie d’être détendue.
Aller chez le dentiste,
sourire avec la secrétaire, échanger des banalités, chose habituellement
impossible tant j’angoisse pour tout et n’importe quoi. Ne pas ressentir d’anxiété,
réaliser que cette femme ne me veut pas de mal, et que c’est plus agréable de
sourire avec elle plutôt que de faire la moue. C’est peut-être ridicule ou
insignifiant, mais d’habitude, je suis froide comme la glace avec toute
personne étrangère.
Et me faire la remarque,
peut-être à retardement : j’ai besoin
des autres pour me sentir bien. La solitude est une tueuse en série. Ces autres
qui m’effraient tant, en fait, j’en ai terriblement besoin.
Ne pas aller plus loin dans
mes réflexions, parce que je ne sais la suite. Mais me dire que j’ai un besoin
urgent de vie sociale. Que je dois avancer.
C’est contradictoire, la peur et le besoin de l’autre en même temps… mais c’est comme ça, pour le
moment. J’ai besoin de ce que je fuis. De ce qui me fait peur.
C’est sûrement une avancée,
que de penser ainsi. J’espère, je ne sais pas trop. J’attends de voir si les
prochaines soirées continueront de bien se passer, ou si je vais me
recroqueviller contre une huître à nouveau.
Réaliser avoir besoin des autres
ne me donne cependant pas envie de les côtoyer. J’ai encore peur d’eux. Je
pense à un mariage d’amis, en mai, je sais qu’on ne partira pas au vin d’honneur
vu que mon conjoint est témoin, j’ai très, très peur d’y aller, de tenir jusqu’à
six heures du matin, dormir dans un gîte avec d’autres gens, et rester au brunch
le lendemain… Une situation à venir qui m’angoisse beaucoup. Et ce sera loin :
je ne pourrai pas m’enfuir. Il faudra que je tienne. J’ai toujours détesté les
mariages, et leur longueur, l’ennui, déjà tenir jusqu’au vin d’honneur c’est
beaucoup… alors là, tenir jusqu’à la fin, ça me semble impossible. Je ne sais
pas comment je vais faire.
07/03/16
Midi. Je n’ai rien fait de ma
matinée à part me replier dans le noir et attendre. Je ne veux pas aller au
groupe demain, c’est trop tard, c’est trop tard pour tout.
Je me suis fait un gros repas
que j’ai vomi jusqu’à la dernière miette, et puis, j’ai à nouveau avalé trop de
tercian. De moins en moins de motivation à me retenir de faire ce genre de
choses. A quoi bon me retenir, je me demande ? Alors je vomi, je prends
trop de médicaments, j’ai envie à nouveau de me faire du mal. Je cherche à tuer
le vide qui me dévore, j’aimerais me sentir un peu vivante, rien qu’un peu. Avoir
une envie, ne serait-ce qu’une.
Mes journées sont identiques.
J’attends dans le noir. Je me lève à l’aube mais me couche au crépuscule. A
vingt heures trente, je dors. Je fuis. Mais les réveils sont amers.
La journée, je me traîne au
groupe, à mes RDV, ou j’attends dans le noir. Parfois, lire un peu, lire des
récits glauques sur des gens qui ont bien plus de force que moi pour sortir de
leurs tourments. Je fume trop. Quand je peux, je lui vole un peu de cannabis. Ça me fait du bien. Si on peut dire.
Je voudrais qu’il m’arrive quelque
chose. A la place de quelqu’un d’autre, quelqu’un de vivant qui n’aurait rien
demandé à personne. Voler la mort d’une personne qui voudrait en profiter. Avoir
de nouvelles idées suicidaires en tête. Foncer dans un fleuve, portières
verrouillées, avec ma voiture. Mais la peur encore de la souffrance. Mourir
noyée, que ce doit être atroce. Quelle lâche je suis. Ni vivante ni morte,
paumée, là, entre-deux. A faire du sur place. A attendre un drame qui ne
viendra pas.
Je vais retourner me coucher.
Et avaler encore du tercian. Je m’en fous. Je crois qu’il faudrait que j’arrête
mes suivis, que j’arrête de voler la place de quelqu’un qui aimerait s’en
sortir.
J’ai plus la force de faire
des efforts. Être gentille, bonne élève, suivre la ligne blanche tatouée sur le
sol. Non, j’ai de moins en moins la force. Je ne suis plus sûre que je peux
vivre mieux. Je ne crois plus pouvoir cesser d’être torturée. Alors que faire
dans ces cas-là ?
Que faire quand il est trop tard, quand on tombe trop
bas ? Trop bas pour se raccrocher ?
Que faire ? Relire les pensées positives que tu notes, penser à tes projets, à tes rêves.
RépondreSupprimerJe suis là, si tu as besoin de parler.
Bisous, mon alter.